ÉPINETTES DES VOSGES

Il y a au deux zones géographiques distinctes où l'on trouve une tradition de jeu épinette dans les Vosges: la région du Val d'Ajol et de Fougerolles d'une part, et les Hautes-Vosges (Gérardmer et ses alentours) d'autre part.

Les épinettes de la région du Val d'Ajol sont de petits instruments, le plus souvent d'une longueur totale de 60 cm ou moins, possédant une touche diatonique, à cinq cordes, (réparties en deux chanterelles - cordes mélodiques - et trois bourdons; et fabriquées en grandes quantités dès le début du XIXème siècle du fait de la proximité de la ville thermale de Plombières qui attirait de nombreux curistes.

Les instruments retrouvés dans les Hautes-Vosges sont rares (seulement cinq) et sont plus grands (de 64 à 95 cm); trois d'entre eux trois possèdent une touche chromatique en parallèle à la diatonique.

Dans les deux cas, les notes sont toujours formées en pressant les chanterelles sur la touche frettée à l'aide d'un noteur (bâtonnet de bois ou roseau) et les cordes sont grattées de la main droite avec un plectre ou l'équivalent.

Les références bibliographiques sur l'épinette des Vosges sont très nombreuses, voir dans la partie bibliographie générale de ce site (voir ici)

L'épinette des Hautes-Vosges

Pour de plus amples informations sur le sujet, je renvoie à l'excellent livre de Jean-François Dutertre et Christophe Toussaint, "L'épinette des Hautes-Vosges - tradition, légende, anthologies - publié en 2020 chez Gérard Louis éditeur à Haroué (54). 

Émile Valence, le 7 octobre 1957 chez Henri Tisserand, aux Relles Gouttes, essayant l'épinette (E) Doridant (on aperçoit Claudie Marcel Dubois en arrière plan). Photos Pierre Soulier. Numéros d'inventaire Ph.1957.124.090 et Ph.1957.124.091. Tous les clichés sont consultables sur Didomena, le site de l'EHESS.

Épinette (E) dite "Doridant", longueur 94,5 cm, fabriquée par un membre de la famille Doridant dans un hameau des environs de Gérardmer (Photos Christophe Toussaint). Les enquêtrices (Claudie Marcel-Dubois et Marie-Marguerite Pichonnet-Andral) du Musée National des Arts et Traditions Populaires (MNATP) ont pu déduire de leur entretien avec leur infornateur Émile Valence en 1957 que cet instrument a bien été fabriqué dans les environs de Gérardmer, copié d'un instrument plus ancien, et qu'il daterait de la toute fin du XIXème siècle.

Épinette (D) dite "Chaumont", longueur 95 cm,  retrouvée dans un grenier de Bruyères. Elle porte la date 1834 (photo Christophe Toussaint), et il n'y a pas de raison de douter que cette date correspond à celle de la fabrication ou au moins celle de l'acquisition de l'instrument.

Épinette (C), longueur 64 cm, onstruite par Constant Lecomte (1864 - 1949) aux Hauts-Rupts dans les proches environs de Gérardmer (photo J.C. Maré). La configuration de la tête ne permet pas à la deuxième corde de passer au dessus de la touche des demi-tons, qui n'a par conséquent probablement jamais été utilisé. En plus, cette touche est incorrecte puisqu'elle donne trois demi-demi-tons!

Épinette (A) retrouvée par Jean Grossier, longueur 94,5 cm (collection, les Ménestrels de Gérardmer, photo Pierre Soulier). Cette épinette servira de modèle aux épinettes fabriquées par Constant Guéry et René Cune pour les Ménestrels de Gérardmer.

Épinette (B) dite "de Rochesson", longueur 73,8 cm (archives les Ménestrels de Gérardmer, photo J.C. Maré).

Cinq instruments anciens seulement ont été retrouvés dans la région de Gérardmer (voir les photos ci-dessous, épinettes référencées ici respectivement (A), (B), (C), (D), (E)) . Cette région n'a jamais été le siège d'une production de masse comme ce fut le cas au Val d'Ajol du fait de la proximité de Plombières, ville d'eau réputée des curistes et touristes. De plus, les terribles incendies allumés par les allemands en 1944 dans les Hautes-Vosges, brûlant de nombreuses fermes et tout leur contenu, explique sans doute aussi le peu d'instruments retrouvés. 

Dans l'histoire de la "redécouverte" - d'autres diront de l'invention - d'une tradition d'épinette dans les Hautes-Vosges, Jean Grossier (1927 - 2020) a joué un rôle essentiel. Commerçant à Gérardmer, il s'intéressera dès la fin de la seconde guerre mondiale à collecter les anciens dans son temps libre pour recueillir des éléments d'information sur les traditions populaires de la région. C'est ainsi qu'il retrouvera la dernière joueuse d'une grande épinette, Lucie Marchal, et qu'il découvrira plusieurs épinettes anciennes (voir ci-dessous). Son enthousiasme l'amènera à créer très tôt le groupe folklorique Lé perl en solet d'beu qui deviendra ensuite Les Ménestrels de Gérardmer, dont les musiciens joueront d'épinettes inspirées de l'un des modèles anciens retrouvés, épinettes construites à la demande de Jean Grossier par Constant Guéry (premier modèle, au moins 16 épinettes) puis par le luthier René Cune (second modèle, 10 épinettes) à Mirecourt et enfin par Marcel Gaspard au Tholy à partir de 1967 (dernier modèle, de nombreuses exemplaires construits avec l'estampille "Ménestrels de Gérardmer" jusqu'en 1974).

Trois musiciens du groupe Lé perl en solet d'beu (dont Jean Grossier) seront enregistrés en 1953 au musée des ATP à Paris, puis à nouveau en 1955, ce qui motivera la mission dans les Vosges des deux enquêtrices Claudie Marcel-Dubois et Marie-Marguerite Pichonnet-Andraln en 1957. De nombreux éléments seront réunis lors de cette enquête (toutes  les données l'enquête sont consultables sur le site de numérisation de l'EHESS ici, les photos ci-dessous prises par Pierre Soulier en proviennent).

Le groupe Lé  Lé perl en solet d'beu au musée des ATP à Parie en janvier 1955 (photo Pierre Soulier), jouant sur des épinettes inspirées de l'épinette anciennne.

L'instruments le plus ancien est le (D), vraisemblablement de 1834 si l'on en croit l'inscription qu'il porte. Cet instrument possède la particularité d'avoir une touche supplémentaire donnant les demi-tons. On retrouve cette particularité sur les épinettes (E) et (C) (sur cette dernière, cette touche ne peut pas être utilisée du fait de la construction du chevillier; en plus, la touche est incorrecte puisqu'elle crée des demi-demi-tons entre le mi et le fa et entre le si et le do!).

Jean-François Dutertre, après analyse de ces instruments et des informations recueillies auprès notamment d'Émile Valence en 1957 pendant la mission du musée des ATP (voir le site Didomena), incline à penser qu'une tradition d'épinette, et notamment d'épinette chromatique a bien existé dans la région de Gérardmer (je renvoie encore à son analyse aussi passionnante que détaillée et convaincante dans l'ouvrage co-écrit avec Christophe Toussaint et publié chez Gérard Louis en 2020 : "L'épinette des Hautes-Vosges").

Il existe au Musée des musiques populaires de Montluçon (MuPop) un instrument à double touche, chromatique, et qui ressemble vraiment beaucoup aux instruments (D) et (E) (épinettes dites "Chaumont" et "Doridant"). Cet instrument (qu'on désignera ici (F)) mesure  94 cm et est présenté par le musée comme une bûche des Flandres!

Instrument (F) exposé au MuPop à Montluçon. Photo Pierre-Yves Donnio.

Publiée sur le site https://www.facebook.com/photo/?fbid=3422717031280005&set=pcb.1543999539680574

Cet instrument (F) est en dépôt au MuPop et appartient en fait à la collection du musée de la philharmonie de Paris ou Musée de la Musique. Il y est référencé sous le numéro E.2367 et y est donné comme datant du XVIIIème siècle. Il est en sapin et, comme déjà signalé plus haut, il y est identifié comme une "Bûche des Flandres". Pourtant, la ressemblance avec les instruments "Doridant" (E) et "Chaumont" (D) retrouvés dans les Vosges aux environs de Gérardmer est frappante. Monsieur Valence - l'informateur géromois de Claudie Marcel-Dubois dans l'enquête du musée des ATP en 1957 - indique que l'épinette "Doridant" (E) a été copiée sur un instrument plus ancien, et que des épinettes de ce type, "il y en avait dans toutes les maisons", et que "sur l'épinette, on peut jouer n'importe quel morceau qui soit inventé". On peut écouter tous les enregistrements de l'enquête auprès de Monsieur Valence sur le site de l'EHESS Didomena (fichiers sons MUS1957.020.039 jusqu'à 041 et MUS1957.020.067 jusqu'à 086). Les informations fournies par cet informateur très âgé au moment de l'enquête en 1957 semblent aller dans le sens de la présence de nombreuses épinettes chromatiques dans la région de Gérardmer au XIXème siècle.

Enfin, pour boucler la boucle, il faut signaler que l'instrument (F) est signé : il porte la mention "A. Viry"; or Viry est un nom de famille de famille typiquement vosgien qui est très répandu dans la région de Gérardmer.

Tout cela semble suggérer que cette prétendue "Bûche des Flandres" (F) serait plutôt une épinette des Vosges, et plus précisément une épinette chromatique de la région de Gérardmer.

Instrument (F) exposé au MuPop à Montluçon. Privenant des collections du musée de la philharmmonie de Patrtis (Musée de la Musique). Photos Jean-Marc Anglès. Voir d'autres photos sur https://collectionsdumusee.philharmoniedeparis.fr/doc/MUSEE/0159252

L'épinette du musée d'Épinal

Épinette conservée au musée départemental d'art ancien et contemporain d'Épinal. Il y a de forts doutes sur l'origine de cette épinette qui n'est sûrement pas vosgienne, et probablement même pas lorraine. Elle appartenait à une certaine Mlle Frusch qui habitait Domrémy et a été léguée au musée au début du XXème siècle. Sa longueur totale est de 64,8 cm.

Elle présente des points communs avec des épinettes du Nord (par exemple celles de la maison Coupleux) et de Belgique. de longueur comparables (voir les photos ci-dessous pour comparaison).

Photos Ji-Elle. Voir d'autres photos sur le site de Christophe Toussaint ici.

En haut, épinette ancienne du Nord, de Belgique ou d'ailleurs? (voir ici plus de détails sur cette épinette "mystérieuse") , longueur 68,5 cm et en bas, épinette de la maison  Coupleux à Tourcoing dans le Nord, longueur 66 cm. Début du XXème siècle. Collection JF Mazet.

L'épinette du musée de Remiremont

Épinette conservé au musée Charles de Bruyères de Remiremont, don de 1908. Longueur 91 cm (photo Christophe Toussaint, d'autres photos ici)

Cette grande épinette reste mystérieuse du fait de l'échelle particulière définit par les frettes et l'absence d'informations précises à son sujet.

Une épinette mystérieuse

Rien dans cet instrument (apparemment monoxyle) ne semble vouloir confirmer son origine vosgienne supposée car il est très différent des épinettes retrouvées ou identifiées avec certitudes comme vosgiennes. En plus, la tête est ornée d'un bas-relief religieux représentant la crucifixion ce qui pointerait vers une utilisation liturgique (?). 

Instrument identifié comme "épinette des Vosges" et qui daterait du XVIIIème siècle. Conservé dans la collection du Dean Castle en Écosse. Longueur totale 78,7 cm. Numéro d'inventaire MI / A16.Voir ici.

Un instrument insolite est conservé au Dean Castle en Écosse et identifié curieusement comme "épinette des Vosges", voir ci-dessous.

Plombières - Les feuillées - Dorothée - Amé Lambert et les autres

Le mieux est de renvoyer aux précieux articles de Guy Jean Michel, ici et ici et encore ici. Mais, pour les plus pressés, j'en fait ci-dessous un résumé synthétique, en y adjoignant ça et là quelques informations manquantes.

L'un des premiers témoignages sur l'épinette dans la région de Plombières date de 1808: il s'agit du journal de voyage d'une jeune anglaise élevée en France, Sarah Newton, la nièce du célèbre physicien. Sarah a 18 ans à l'époque et accompagne la Marquise de Coigny dans un voyage à Plombières comme demoiselle de compagnie. Sarah deviendra ensuite la comtesse de Destutt de Tracy et publiera son journal (écrit en français) à Paris chez Plon Frères en 1852.  Il constitue le premier tome des "Essais Divers, Lettres et Pensées de Mme de Tracy" (qui en comptent trois). On peut lire cet ouvrage ici. Voyageant de Remiremont à Saint Maurice, leurs chevaux étant fatigués, elles font une halte à La Trappe:

"[...]nous sommes entrées dans une étable où l'on dansait pour fêter une noce. Nous avons été très-priées pour valser, madame de Coigny et moi, mais nous avons refusé, au grand chagrin de M. de Sorans. Par compensation, nous avons accepté de la galette, que nous avons mangé sur un vieux tronc d'arbre, tandis qu'un imbécile, affligé d'un goître, nous jouait sur une épinette des airs singuliers." (page 50)

L'épinette des Vosges a longtemps été celle que l'on trouvait au Val d'Ajol, un instrument de petite taille, qui a connu une renommée internationale grâce la proximité de Plombières-les-Bains, ville de cure qui attirait de nombreux visiteurs.

Beaucoup de ces visiteurs prirent l'habitude d'aller se détendre en passant un moment dans les "feuillées" des alentours, sorte de guinguettes rustiques extérieures entourées de verdure. L'une des premières était celle du Danridant, tenu par le père Vincent (1753 - 1830) un cultivateur habile qui modifia l'épinette de la région, à quatre cordes, en lui en adjoignant une cinquième. Une autre feuillée dont la fréquentation devint à la mode vers 1830 était celle de Jean-Baptiste Vanson (ou Vançon), dont la jeune fille, Dorothée (1805 - 1878), charmait les visiteurs par ses poésies et ses rimes, son jeu de flageolet et la musique de son épinette.

Eau forte / burin de Claire Hénault (avec son aimable permission) http://clairehenault.com

Dorothée et sa feuillée, cartes postales anciennes.

Vers 1902, feuille volante 20 x 22 cm. Photo Pierre Soulier, MNATP.

Journal de voyage à Plombières de Sarah Newton, écrit en 1808, publié chez Plon en 1852.

Après la première Guerre mondiale, Lucien Grosjean (1897 - 1962) à la Feuillée-Nouvelle fabriqua aussi des épinettes, pyrogravées et peintes; il en fournit aussi un certain nombre aux Galeries Lafayettes à Paris. Les Bolmont, Charles le père mais surtout Joseph, le fils fabriquèrent aussi des épinettes: Joseph Bolmont (1890 - 1958) commença vers 1925 à fabriquer a la Croix, au Val d'Ajol, des épinettes très semblables à celles d'Amé Lambert.

Le luthier Henri Poussier (1888 - 1964) de Remiremont se mit lui-aussi à fabriquer à partir de années 1920 des épinettes en quantité (et qualité?) industrielle.

Puis, après un creux de la vogue ou de la vague, Jules Vançon (1895 - 1979), menuisier au Grépiné, tout près de l'ancienne Feuillée-Dorothée, reprit à partir de 1961 une production d'épinettes ornées de motifs pyrogravés et parfois peints.

Un voisin de Dorothée, , Amé (Amant Constant) Lambert (1843 - 1908) commença vers 1860 à fabriquer des épinettes qu'il revendait, et notamment à Dorothée qui pouvait à son tour contenter les nombreux touristes qui voulaient repartir avec le petit instrument en souvenir de leur séjour. Dorothée avait aussi d'autres fournisseurs, des cultivateurs du voisinage qui lui fabriquaient aussi quelques épinettes. En 1875, Amé Lambert et sa femme acquirent la propriété de Dorothée en viager et s'y installèrent. Lambert fit de nombreux travaux d'aménagement et d'agrandissement des bâtiments de la feuillée, et fabriqua de nombreuses épinettes qu'il continuait de vendre non seulement aux visiteurs mais aussi à de multiples habitants de la région.

Épinette d'Albert Balandier, vers 1900, décoration "Art nouveau" dans le style école de Nancy, marqueterie et incrustations de nacre. Collection et photo JF Mazet.

Différentes épinettes d'Amé Lambert. (Longueurs totales respectives de gauche à droite : 50,5 cm - 42 cm - 50,5 cm - 59 cm - 60 cm). Collection et photo JF Mazet.

Les marques à froid et à chaud sur les épinettes Lambert et l'épinette Balandier (la plus à droite). Collection et photos JF Mazet.

Épinette d'Eugène Durupt, deuxième moitié du XIXème siècle. Collection et photo JF Mazet.

Une autre épinette d'Amé Lambert, avec des chevilles de type cithare ou piano; estampillé "LAMBERT / AMÉ AU / VAL D'AJOL VOSGES (Musée de la Castre à Cannes, photo C. Germain).

Lambert était très productif puisqu'il pouvait en fabriquer de 100 à 150 chaque hiver, et c'est sa fille Gabrielle qui en jouait pour les visiteurs de la feuillée. En 1895, Amé Lambert enverra même une cinquantaine d'épinettes de sa fabrication dans le Nord, qui seront à l'origine d'une nouvelle fabrication sur place. Le parisien Paul Pieffort, luthier et musicien s'en inspirera pour réaliser son "épinette perfectionnée", voir ici sur ce site. D'autres cultivateurs des environs, comme Eugène Durupt se mirent aussi à faire des épinettes. Auguste Fleurot (1826 - 1898) du Val d'Ajol, ainsi que Jean-Joseph Perney (1835 - 1882) de Fougerolles en fabriquèrent également de nombreuses. Augustin Bernardin (1846 - 1917) en fit aussi. Mais, pour revenir à la Feuillée-Dorothée, c'est en 1895 que Gabrielle, la fille des époux Lambert, épousa Albert Balandier (1872 - 1945) qui reprit alors la fabrication des épinettes et la gestion de la Feuillée. Il remplace les chevilles de bois par des mécaniques de mandoline, idée que l'on retrouve à la même époque chez Pieffort à Paris. L'un se serait-il inspiré de l'autre ? Si c'est le cas, alors c'est Pieffort qui a servi de modèle à Ballandier, puisqu'il semble bien que les épinettes Pieffort avaient ce type de mécaniques dès le début de son activité, vers 1890, sans compter que Pieffort a toujours indiqué le remplacement des chevilles par ces mécaniques comme étant l'un des perfectionnements qu'il a apportés à l'épinette vosgienne, voir ici sur ce site. À partir de 1915, Albert Balandier est obligé d'arrêter la fabrication des épinettes du fait de ses occupations de gestion d'un grand hôtel de Cannes dont il était devenu le propriétaire et qui lui prennent trop de temps.

Dorothée meurt en 1878. Sa célébrité avait largement dépassé les alentours de sa Feuillée puisqu'un journal parisien comme comme Le Figaro (numéro du 18 octobre 1878) rapporte sa disparition.

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Le Figaro, numéro du 18 octobre 1878.

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Premières pages du livre de Victor Fournel "Les vacances d'un journaliste" de Victor  Fournel relatant son voyage à Plombières en 1868.

Dorothée n'est pas la seule à attirer l'attention avec son épinette, ses vers et sa feuillée. Elle a une concurrente sérieuse à la Feuillée Magenta :  Madame Serret, qui elle-aussi joue de l'épinette. Le journaliste Victor Fournel raconte sa visite des deux feuillées dans son livre "Les vacances d'un journaliste" (Édouard Baltenweck, Éditeur, Paris, 1876) dans la première partie du livre intitulée "Huit jours dans les Vosges", et qui relate son voyage de 1868.

Publicité pour la Feuillée Nouvelle qui propose des leçons et des épinettes à vendre! Parue dans "Plombières - Liste officielle des étrangers", numéro 9, saison 1881.

Publicité d'Amé Lambert pour la Feuillée Dorothée; confection d'épinettes et de petits couteaux rustiques ! Parue dans "La Gazette des Eaux Thermales de Plombières - Liste officielle des étrangers", numéro 4, saison 1879.

Publicité d'Amé Lambert pour la Feuillée Dorothée. Parue dans "La Gazette de Plombières - Liste officielle des étrangers", numéro 11, saison 1886.

Publicité d'Amé Lambert pour la Feuillée Dorothée. Parue dans "La Gazette de Plombières - Liste officielle des étrangers", numéro 1, saison 1888.

Publicité pour la Feuillée Nouvelle. Il n'y est plus question d'épinette - la concuurence d'Amé Lambert de la Feuillée Dorothée avec ses épinettes de belle facture était sans doute trop forte - Liste officielle des étrangers", numéro 5, saison 1887.

Un type d'épinette particulier de fabricant inconnu

Deux épinettes très semblables conservées respectivement au Musée des Beaux Arts de Rennes (numéro d'inventaire 1897-4-6 - en haut sur la photo) et au Musée de la Musique à Paris(numéro d'inventaire E.273 - en bas sur la photo).

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Les deux épinettes ont probablement été faite par le même fabricant. Il s'agit d'épinettes de type "Val d'Ajol", leur longueur totale est de 60 cm. Elles possèdent toutes les deux les mêmes caractéristiques atypiques :

  • un pied situé juste sous le début du chevillier, qui soulève l'instrument de 12 mm (Paris) ou 15 mm (Rennes), ce pied étant partie intégrante dudit cjhevillier, et faisant pendant inverse à la courbure  stylisée du bout du chevillier.

  • Un système d'attache des cordes au niveau du talon situé sous la courbure de celui-ci, donc presqu'invisible lorsque l'instrument est posé sur une table.

Ces deux caractéristiques ne sont pas sans rappeler fortement les épinettes du luthier parisien actif dans le dernier quart du XIXème siècle Paul Pieffort (voir la section de ce site qui est consacrée à ses instruments et à sa biographie ici).

  • Deux trous, l'un plus petit que l'autre, traversant le pieds sous l'instrument. La fonction de ces trous reste mystérieuse, peut-être servaient-ils à y insérer le bâton de jeu et la plume ou autre plectre quand l'instrument n'était pas utilisé.

Épinette du musée de Paris - E. 273)

Épinette du musée de Rennes - 1897-4-6)

L'épinette conservée à Paris est de facture plus élaborée : elle possède - comme les épinettes fabriquées par Eugène Durupt - des éclisses bombées (renforcées par des baguettes en demi-ronds) et un fil de fer renforçant et décorant tout le tour de l'instrument.

On trouvera plus de photos de détails de ces deux épinettes ici.

Jeu au bâton percussif au Val d'Ajol...?

Une petite épinette (49 cm de longueur totale) du type Val d'Ajol datant des environs de 1850 est conservée à la bibliothèque / musée de l'Opéra Garnier à Paris (l'ancien propriétaire, Alfred Moquin-Tandon est décédé en 1863). Elle y est référencée comme "épinette et son archet" (voir la notice de la BNF ici). Il ne s'agit évidemment pas d'un archet (aucune trace de crin sur cette baguette en bois) mais beaucoup plus probablement d'une baguette de percussion du type de celles utilisées pour le tympanon, hackbrett, cymbalum, santour etc. par exemple. La baguette possède l'encoche nécessaire au positionnement de l'index et la pointe sur laquelle se place le pouce. Il n'y a aucune indication sur l'instrument ou la baguette et le fabriquant est inconnu. Cette technique de jeu sur une épinette du Val d'Ajol n'est reportée nulle part, mais est cohérente avec un tableau de 1668 montrant le jeu d'une épinette (ou hommel) par percussion à l'aide d'un bâtonnet (voir ici).

Un tympanon oblong, document conservé à la BNF, voir ici. Gravure probablement du XVème siècle.

Tableau de 1668, artiste hollandais non identifié. Voir ici.

Ange joueur de tympanon - On voit très bien la position des doigts sur les baguettes. Détail d'un tableau de Jacob van Oostsanen, 1512. "L'adoration de l'enfant", Musée national de Capodimonte à Naples (Italie).

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Quelques photos de détails de l'épinette.

Cliquer sur la photo d'une des épinettes ci-dessous pour accéder à un galerie de photographies de détails de l'épinette choisie.

Plein de photos (de détails) d'épinettes"du Val d'Ajol"

En plus des photos de dix épinettes anciennes d'Amé Lambert, Albert Balandier, Eugène Durupt et celle Jules Vançon (des années 60) présentées plus bas, on trouvera de nombreuses photographies d'épinettes du Val d'Ajol fabriquées par Amé Lambert, Auguste Fleurot, Jean-Joseph Perney conservées dans différents musées d'Europe sur le site du MIMO (musical instrument museums online) en cliquant ici

À noter que sur le site MIMO, certaines épinettes identifiées comme "des Vosges" ont été construites par Pieffort, à Paris, fin 19ème début 20ème à l'évidence sur le modèle des épinettes du Val d'Ajol et en particulier celles d'Amé Lambert. Pour plus d'informations sur Pieffort, voir sur ce site ici

Épinette Albert Balandier

FEUILLÉE DOROTHÉE, VAL D'AJOL, VOSGES

(Longueur totale 61,5 cm)

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Épinette Amé Lambert

A. LAMBERT, FEUILLÉE DOROTHÉE, VAL D'AJOL, VOSGES

(Longueur totale 60 cm)

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Épinette Amé Lambert

A. LAMBERT, À LA FEUILLÉE DOROTHÉE, VAL D'AJOL, VOSGES

(Longueur totale 59 cm)

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Épinette Amé Lambert

A. LAMBERT, À LA FEUILLÉE DOROTHÉE, VAL D'AJOL, VOSGES

(Longueur totale 42 cm)

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Épinette Amé Lambert

A. LAMBERT, À LA FFEUILLÉE

Les éclisses sont bombées

(Longueur totale 50,5 cm)

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Épinette Amé Lambert

A. LAMBERT, À LA FEUILLÉE DOROTHÉE, VAL D'AJOL, VOSGES

Forme du cheviller atypique et chevilles en fer.

(Longueur totale 50,5 cm)

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Épinette Eugène Durupt

Non estampillée

(Le Val d'Ajol fin XIXe siècle)

(Longueur totale 49 cm)

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Épinette Amé Lambert

A. LAMBERT, À LA FEUILLÉE DOROTHÉE, VAL D'AJOL, VOSGES

Cheviller atypique à 8 mécaniques et décoration de nacre incrustée.

Collection Jacques Leininger

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Épinette Balandier?

Collection Jacques Leininger

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Épinette Amé Lambert

Collection de Jean-François Dutertre (Claire Hénault)

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Épinette Anonyme

Collection du Musée des Beaux Arts de Rennes - numéro d'inventaire 1897-4-6)

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Épinette Anonyme

Collection du Musée de la Musique de Paris - numéro d'inventaire E.273)

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Épinette Jules Vançon

estampillée J V

(Le Val d'Ajol fin vers 1970)

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